En ce début 2023, la médecine est en ébullition : l’hôpital public est au bord de l’effondrement, une partie de la médecine libérale, réunie par les réseaux sociaux, défile dans la rue.
De multiples discours s’entrechoquent et le dénigrement des médecins y est fréquent. Les patients, les élus s’exaspèrent de la difficulté à trouver un médecin et pour certains la coercition devrait s’imposer comme solution aux désert médicaux et aux soins non programmés. En face, les étudiants de 4ème année de médecine générale ont l’impression d’être sacrifiés, les médecins sont souvent agressés verbalement ou même physiquement et demandent plus de respect et une revalorisation de leurs actes.
…Et les psychiatres.
L’été dernier, l’AFPEP-SNPP a transmis une tribune à tous les élus du parlement en les interpellant sur la responsabilité des différents gouvernements sur la dégradation du système de santé, alors que les chiffres sont à la disposition de l’Etat. Augmentation de la population, vieillissement de celle-ci avec sa cohorte de maladies chroniques, diminution du nombre de médecins, tout est connu depuis longtemps. Problème d’idéologie, de négligence, dû à une vision électoraliste à court terme ?
C’est à l’Assemblée Nationale et au Sénat que l’on vote les lois de programmation de la Sécurité Sociale, la branche qui nous concerne dans notre exercice quotidien étant l’Assurance Maladie.
Sans elle, nos patients, fragiles du fait d’une pathologie psychiatrique chronique ou dans un moment difficile de leur vie, ne pourraient pas accéder à des soins de qualité ni à un arrêt de travail qui leur permet de reprendre leur souffle.
La Sécurité Sociale est une invention démocratique inestimable, elle permet à chacun de se soigner selon ses besoins et pas selon ses moyens, elle solvabilise nos honoraires.
Sa gouvernance est passée, au fil du temps, d’une parité syndicale et patronale, à une reprise en main administrative.
A l’heure actuelle, que nous soyons psychiatres salariés dans le médico-social ou libéraux, pour l’organisation des soins en ville, nous sommes sous le chapeau des ARS.
En Nouvelle Aquitaine les psychiatres du médico-social ont pu éprouver à quel point le salariat ne les a pas protégés de certains directeurs d’établissement, par trop zélés d’appliquer les directives administratives de transformations au mépris des besoins réels de la population.
Pour l’exercice libéral, ne nous trompons pas de combat, c’est la convention avec la Sécurité Sociale qui nous protège. Grâce à elle, les ARS n’ont de pouvoir que sur l’organisation des soins mais pas sur le contenu de notre travail. Elles ne nous dictent pas qui nous recevons, ni comment nous pouvons le faire.
Certains syndicats ont soutenu les mouvements initiés sur les réseaux, mais regardez les logos de leurs partenariats : banque, plateforme, industrie du numérique, c’est l’indépendance garantie ! D’autres promeuvent le dé-conventionnement, c’est la facilité de soins pour les patients fragiles tout aussi garantie !
Nous ne sommes pas de ceux-là. Les difficultés d’exercice de nos confrères doivent être entendues et reconnues dans le cadre de la convention et c’est tout le rôle des syndicats indépendants comme le nôtre.
Si nous devons faire des vœux pour notre système de santé, c’est qu’il entre de plein pied dans une vraie gouvernance démocratique, pas tout administrative comme maintenant, mais à responsabilité partagée, médecins, population, administration.
Que cette année nous donne d’être entendus dans le cadre des négociations conventionnelles en cours !
Présidente de l’AFPEP-SNPP