Le PLFSS 2026 organise encore un peu plus le déremboursement progressif des soins, et leur dégradation qualitative.
Déjà ces derniers mois, tout est fait pour décourager les adhérents à l’OPTAM : l’augmentation du CNP+MCS est menacée d’être « compensée » par une baisse des dépassements d’honoraires sur leurs contrats.
En 2023, nous avions refusé de signer le « Contrat d’engagement territorial » qui promettait de belles augmentations d’honoraires mais exigeait avant tout l’augmentation de nos files actives… au détriment donc de la fréquence et/ou de la durée de nos consultations.
La nouvelle convention 2024 n’a pas revalorisé les actes en secteur 2. Ce ne sont pas les compléments d’honoraires qui ont augmenté, c’est le remboursement qui stagne quand l’inflation avance. Un acte à 70 € représente ainsi :
- 64 % de dépassements d’honoraires (de l’acte CP= 42,5 €)
- Mais seulement 22% de plus qu’un acte en secteur 1 (de l’acte CNP+MCS=57€)
- L’augmentation progressive des restes à charge pour les patients est une décision politique qui aboutit au déremboursement progressif des soins.
Nous rappelons que les psychiatres libéraux demandent du temps pour des soins de qualité.
- C’est la raison d’être de l’acte spécifique CNPsy qui valorisait au départ la durée de nos consultations à auteur de 3 fois le montant de la consultation de médecine générale (ce qui correspondrait aujourd’hui à 90 €).
- En ne revalorisant pas les actes, la CPAM pousse les jeunes à se tourner vers le secteur 2 (cf pyramide des âges selon les secteurs)… pour le leur reprocher ensuite.
- Le récent rapport de la HCAAM sur les dépassements d’honoraires le montre bien : à l’échelle nationale, les psychiatres de secteur 2 ne gagnent pas plus que les secteurs 1 : ils organisent leur temps.
- Les psychiatres sont tout en bas de l’échelle des revenus des médecins libéraux parce qu’ils ont besoin de temps long et répété pour agir sur des pathologies complexes et non réductibles à une ordonnance répondant à un diagnostic.
- L’acte APY (qui empêche le suivi) correspond à moins de 1% de nos actes : il ne nous permet pas d’engager des soins.
Et maintenant le PLFSS 2026 propose :
- une progression de l’ONDAM inférieur à l’inflation,
- une augmentation de la franchise médicale sur les consultations à 4 €,
- une taxation des secteurs 2,
- des amendes pour non-remplissage du DMP…
Nos députés voudraient-ils pousser la psychiatrie libérale à changer ses pratiques en proposant des séances de 10 minutes tous les 4 mois (cotées APY) sans suivi, sans psychothérapie, sans même le temps d’expliquer à nos patients les particularités des traitements, espérant sans doute que les psychologues et les IPA pallient le temps manquant… sans garantie. Nos revenus pourraient sans doute y trouver un bénéfice. Mais ce n’est pas la psychiatrie que nous voulons.
Qu’on ne s’inquiète pas, pendant ce temps-là, selon la DRESS, « Le résultat net des organismes actifs en santé s’est élevé, en moyenne, à 3,4 % de leurs cotisations en 2023, pratiquement comme en 2022 (3,5 %). Ce résultat net est en baisse pour les entreprises d’assurance et en hausse pour les institutions de prévoyance et les mutuelles. »
Députés, sénateurs, ministres, directeurs de la CNAM : laissez-nous soigner ! Favorisez le temps nécessaire aux soins en psychiatrie (et ailleurs). Favorisez l’attractivité de la psychiatrie, il y a urgence !
Le SNPP, membre d’AvenirSpé, s’associe à la lettre de mobilisation d’AvenirSpé, comme une première étape de révolte. Vous trouverez sur le site d’AvenirSpé :
– Tribune – 80 ans de la Sécurité sociale : de la solidarité fondatrice à la logique punitive
– Lettre de mobilisation : qui lance un plan d’actions progressives :
- Grève de la permanence des soins en établissements, en solidarité avec nos confrères radiologues qui l’on déjà commencée à partir du 1 Novembre
- Désengagement collectif de l’OPTAM pour tous les médecins de secteur 2
- Gel de l’alimentation du DMP
- Suspension de tout projet national ou régional : (ESS, Cabinets secondaires, plateformes, expérimentations…).
- Nous appelons les internes, les chefs de cliniques et assistants à nous rejoindre dans un mouvement large et de revendications coordonnées
– Les Rencontres de la Médecine Spécialisée 2025 : es 13, 14 et 15 novembre 2025 à La Baule. Cette année encore, le congrès annuel d’Avenir Spé sera l’occasion d’analyser la politique de santé actuelle et de réfléchir à un meilleur accès aux soins pour tous.
A travers un focus essentiel sur les populations fragiles et vulnérables, découvrez des stratégies innovantes pour améliorer l’accès aux soins et façonner un avenir médical plus inclusif.
Un événement incontournable pour les professionnels engagés !
Et rappelez vous, notre action syndicale dépend de votre soutient. Adhérez avec le lien ci-dessous !
Dr Elie WINTER,
président de l’AFPEP-SNPP
