La nouvelle vient de tomber : suite à l’alerte du comité de suivi de l’Assurance Maladie (« risque sérieux que les dépenses d’assurance maladie dépassent en 2025 le seuil d’alerte »), la CNAM décide le report « de toutes les mesures de revalorisations » prévues dans la convention pour le 1er juillet, appliquant de manière orientée l‘article L162-14-1-1 du CSS). Ces revalorisations doivent désormais s’appliquer au 1 janvier 2026.
La psychiatrie est l’une des spécialités les plus touchées par cette mesure, en particulier pour les actes de pédopsychiatrie. Nous vous annoncions en début de semaine une augmentation de 2 € du CNP, 2 € pour le MPF, et 6 € pour le MP. La consultation familiale de pédopsychiatrie (<16 ans) devait ainsi passer de 90 à 100 €, avancée importante de cette nouvelle convention.
Dans le même temps, la CNAM nous explique qu’en raison des revalorisations tarifaires, les adhérents de l’OPTAM devront faire moins de dépassements d’honoraires, et plus de consultations à tarif opposable, diminuant beaucoup l’intérêt de ce dispositif qu’il prétendent promouvoir.
Rappelons que la pédopsychiatrie libérale est un sacerdoce : responsabilités médico-légales, durée longue des consultations familiales, grande difficulté à trouver des places d’hospitalisation dans les situations de crise, temps important de coordination avec des intervenants extérieurs (notamment scolaires)… Autant de contraintes insuffisamment reconnues dans la tarification des actes. Et on s’étonne qu’il soit si difficile de trouver un pédopsychiatre libéral… et que les jeunes (en particulier filles) aillent si mal (22 % d’hospitalisations en plus pour les jeunes filles de 10 à 14 ans l’an dernier). Comment espérer avoir plus des professionnels sur le terrain pour les soins avec de telles contraintes, moins bien rémunérées compte tenu du temps passé ? C’est cette anomalie qui devait enfin être corrigée au 1er juillet. Et encore, on était loin d’aboutir à une incitation des jeunes médecins à se lancer dans cette voie.
Le SNPP est scandalisé par cette suspension aberrante d’une mesure conventionnelle âprement négociée durant 2 ans. Les honoraires des médecins sont ici considérés comme une variable d’ajustement, une dépense à perte, alors que les soins permettent d’éviter tant de coût indirects. Le comité d’alerte fait valoir que les arrêts de travail ont augmenté… les médecins libéraux sont donc sanctionnés. Mais les entreprises au management toxique ne sont pas responsabilisées. Ce n’est pas non plus les exonérations de cotisations sociales des entreprises qui sont suspendues : on ne touche jamais au volet recettes de l’Assurance Maladie. Alors on réduit le budget des soins…
Le 11 juin, le ministre chargé de la Santé annonçait un « Plan psychiatrie : repérer soigner reconstruire » qu’il introduit par cette formule : « Nous devons à la psychiatrie une réparation ». A défaut nous aurons un coup de couteau dans le dos.
Le SNPP demande une rencontre avec M. Yannick Neuder en urgence pour élaborer les conditions du choc d’attractivité de la psychiatrie tant annoncé, mais jamais au rendez-vous.
Dr Elie WINTER, président de l’AFPEP-SNPP